Putain... deux ans !

Pour ceux qui lisent les mots qui vont parfois avec les photos, "petit" article sur nos impressions sur Ushuaïa, la ville la plus australe du monde, "el fin del mundo", donc le Bout du monde...
Bon, le truc, c'est que ca faisait surtout rever Tony cette idée de bout du monde. En ce qui me concerne, l'idee de bout du monde me renvoyait a l'idee d'un truc loin, froid, et a des romans de Jules Vernes auxquels je n'ai jamais reussi a accrocher..
Ceux qui me connaissent bien sauront que par dessus tout, l'idée d'un climat aussi proche de celui de l'Antartique a plutot tendance a me faire fuir.

Mais pour un peu de romantisme, j'ai decidé de prouver a Tony que j'étais capable de le suivre au bout du monde...
Alors, je sais pas si comme le promet Tony, je serais plus objective que lui pour vous parler d'Ushuaia, mais j'ai revu ma copie, et je dois reconnaitre que cette ville et la region de la Terre de Feu ont reussi a changer l'image que j'en avais.

Acceder au bout du monde, mission presque impossible...?
Bon, le trajet pour arriver jusqu'a Ushuaia n'a pas vraiment aidé.
Au lieu du 2 jours et 2 nuits de bus prevus, on a eu droit a 2 jours et 3 nuits de transport. En effet, en dehors des longues, tres longues distances pour traverser l'Argentine, des 2 frontieres a passer avec une etape a chaque fois par le bureau de la migration argentine et de la migration chilienne (et oui, Ushuaia est separee de l'argentine par le Chili, mais reste en argentine), il faut traverser le detroit de Magellan avant d'atteindre la Terre de Feu. Ce detroit se traverse en ferry. En arrivant vers midi au lieu de l'embarquement, l'assistant du chauffeur nous informe qu'il faudra attendre un certain temps, on ne sait pas combien, car en raison d'un vent trop violent le ferry ne fonctionne pas. Bien, 15 minutes plus tard, le ferry arrive, finalement, pense-t-on, tout va bien. Le bus monte dans le ferry, quelques voitures aussi, le ferry demarre, fait un demi tour sur lui meme, et nous redescendons... au meme endroit...
On reprend notre place dans la file d'attente qui ne fera que s'agrandir et on est parti pour des heures et des heures d'attente. On a rien a manger, et vous vous en doutez, on a faim. Tout va bien niveau clopes, mais dehors, il fait vraiment froid et le vent nous souleve.. Une rebellion commence a demarrer dans le bus menee par un syndicaliste de la faim, qui reclame a la compagnie de bus de nous fournir a manger. Bon, au bout de 5 minutes, tout le monde se calme, de toute facon, il n'y a vraiment rien a manger et aucun magasin dans les environs.
Finalement, dans la nuit, le ferry arrive, et vu qu'on est les premiers dans la file d'attente, on est parti sous les aplaudissements des passagers... Apres une tentative de sommeil dans un bus inconfortable, plusieurs reveils, pour repasser la frontiere, pour changer de bus en plein milieu, on arrive au petit matin a Ushuaia...

Le bout du monde, une punition..?
C'est la premiere idee que je me fais d'Ushuaia, et je demande a Tony si les gens qui vivent ici sont punis et obligés. Ils sont coupés du monde, à des jours de bus du reste de l'Argentine et il fait moins 2 degrés sous la pluie, alors qu'on est en plein été... Meme si plus tard, ma vision a changé, je n'étais finalement pas si loin de la verité.
En effet, on apprend par la suite qu'Ushuaia a d'abord été un bagne. L'idee etait de peupler cette partie de l'argentine a la facon de la guyane (ou de la nouvelle caledonie, selon les versions) en faisant venir vivre les familles des prisonniers dans la ville. Apparemment, la methode n'a pas vraiment marche, mais la Terre de Feu s'est tout de meme peuplee, et Ushuaia est une ville assez grande maintenant.
J'ai plus tard interrogé quelques personnes qui vivent et travaillent ici, elles ont choisi de venir vivre ici car elles ne supportaient pas la chaleur, qui il faut l'avouer est souvent extreme en été dans certaines zones du pays.. Bon, d'accord, j'accepte cette version, meme si pour ma part, je ne la partage pas.

Le charme certain du bout du monde:
On a finalement eu beaucoup de chance avec le climat pour les 2 jours suivants, ce qui nous a permis de decouvrir Ushuaia et la Terre de Feu avec un autre regard.
On a d'abord choisi le bateau, pour faire une excursion sur le canal Beagle, et visiter les iles du coin.
La on a eu droit a une ile avec le phare des eclaireurs, qui s'il n'est pas celui qu'on appelle le phare du bout du monde, y fait tout de meme bien penser..
toutes sortes d'oiseaux marins, dont je n'ai plus les noms, vus qu'ils etaient donnés en espagnol, en colonie sur des ilots rocheux, ou en pleine action de peche cruelle (en effet, certains chassent les oiseaux plus jeunes et les tuent en enfoncant leur tete dans l'eau et en les noyant!), les animaux surement les plus moches de la planete, les lions de mer, sorte de grosses otaries deformees, vautrees sur les rochers, les uns sur les autres.
Et une vue splendide sur la fin de la cordillere des andes.
Enfin, une ile anciennement habitee, comme une grande partie de la Terre de Feu a l'epoque, par les indiens Yamanas, qui vivaient nus, car le climat etait trop humide pour secher des vetements, dans un climat encore plus terrible et plus froid a cette periode, qui se nourrissaient de graisse de lions de mer, de peche et de fruits de mer. Ce sont les feux qu'ils gardaient sans arret allumés dans les huttes ou sur leur barques qui ont donné le nom a cette region. A ushuaia, on raconte qu'ici, ils n'ont pas été chassés et extermines par les europeens comme l'ont ete tous les peuples indiens de patagonie (version a verifier), mais qu'ils sont tout de meme morts par leur faute, le changement de coutume et de culture, mais surtout, l'arrivee d'epidemies terribles qui ont decimé la population. On regrette encore une fois de n'avoir pas d'information plus precise et objective a vous donner a ce sujet, car l'extermination des peuples indiens en Patagonie est un sujet qui nous interesse, et qui est peu au programme des manuels d'histoire et des bibliographies des grands "liberateurs" d'amerique.

Pour revenir a Ushuaia, la ville en soi est aussi une ville charmante. Malgré le nombre important de touriste qu'on y rencontre, c'est une ville qui sait garder son calme. Elle est faite de nombreuses maisons souvent en toles et colorées, entourée de montagnes aux sommets enneigés se melant aux paysages marins.

On a ensuite choisi de louer une voiture pour decouvrir un peu plus la region. Alors, il y a le "Parc de la Terre de Feu", pour lequel niveau conditions meteo, on a pas eu beaucoup de chance, et dont on aura donc pas trop profité, mais qui reste un exemple de la beauté de ces paysages qui encore une fois melent la grandeur sauvage des forets aux cotes marines.

Et puis surtout, il y a cette ballade sur les pistes non asphaltées qui traversent des forets ou l'on croise les guanacos (cousins du lama), des zoros (renards), des rapaces... les estancias, sortes de fermes-hameaux, composés d'anciennes maisons, et leurs troupeaux de brebis broutant dans des champs immenses. Et au bout de la piste, la mer, avec un enorme bateau echoué depuis des années.
Et quand on fait ces routes par beau temps, on decouvre et on comprend pourquoi ces gens ont decidé de vivre ici, dans le bout du monde du bout du monde, au bout de la piste, au bord de la mer, ou dans la foret, en pleine nature, dans un paysage sauvage qui te prend un peu aux tripes et te fait ressentir toute sa puissance et sa beauté.

Alors, oui, il fait froid, l'été la-bas ressemble à l'hiver, (et l'hiver alors, n'en parlons pas, il ne fait presque pas jour); je ne m'y installerai pas pour mes vieux jours.. mais la Terre de Feu par la beauté de ses paysages, l'intensité de son climat, sa nature encore sauvage, merite l'attraction qu'elle provoque que ce soit chez les anciens explorateurs ou les nouveaux voyageurs.

3 commentaires:

Tony a dit…

Ouais, je me permet de mettre un commentaire pour dire que l article est chouette et que Mathilde devrait ecrire plus souvent ... Si seulement son co-auteur lui laissait plus d espace ... il pourrait toujours se reconvertir en trieur de photo.
Ah, et que sa maman se rassure, ce n est pas Mathilde qui a ecrit le titre du message

Annick a dit…

Bonjour,
C'est vrai l'article de Mathilde est chouette et très bien rédigé.
Grace à Mathilde et aussi à Tony je réapprends avec plaisir l'histoire et la géographie
et je voyage aussi.
Grosses bises à tous les deux.
Annick

Tony a dit…

C'est bien maman, tu auras plus de chance d avoir les camemberts marron et bleu au trivial poursuite maintenant

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